Le Santiago Bernabéu a changé | OneFootball

Et si la refonte du Santiago Bernabéu ne s’était pas réalisée que du point de vue de sa structure ? Flambant neuf depuis quelques mois (même s’il n’est pas totalement fini), le stade du Real Madrid traverse une période transitoire à plusieurs échelles. Entamés en 2019, le plus gros des travaux a touché à sa fin au printemps dernier, même s’il est vrai qu’il reste quelques peaufinages à réaliser – comme l’amélioration des alentours et le récent problème lié à l’insonorisation.

À l’image de ce remodelage qui dure depuis plus de cinq ans, le Real Madrid fait face à un autre gros changement dans les coulisses de son stade : le visage de son public. Nul doute qu’un changement générationnel est en train de se produire chez certains des Socios, mélangé très certainement à une multiplication d’un public venant d’autres horizons. À présent, lorsque l’on va au Santiago Bernabéu, on remarque que les supporters madridistas d’autres pays se font nombreux, laissant tomber avec eux certaines traditions bien propres à ce public.

Les pitadas et les broncas du Santiago Bernabéu plus au goût du jour

À une époque, le Santiago Bernabéu pouvait se montrer très remonté après un choix tactique lunaire de son entraîneur ou une mauvaise performance de sa star chérie. Aujourd’hui, on peut le dire très froidement : ce n’est plus le cas. On ne va pas remonter à l’époque d’Alfredo Di Stéfano ou Emilio Butragueño, car on ne les a pas vu jouer au football. Par contre, nous pouvons attester que des joueurs comme Raúl, Zidane, Figo, Ronaldo, Hierro, Cristiano, Kaka, Benzema, Higuain, Robben ou Sneijder, et des entraîneurs comme Del Bosque, Mourinho ou même Ancelotti durant sa première étape, ont été sifflés à un moment donné. Les fameuses pitadas (sifflets) si particulières à ce stade.

Certains d’entre eux ont même subi des broncas (colères) des socios… Une chose qui semble avoir disparu ces derniers temps. Le changement structurel va donc de pair avec le changement générationnel, un fait que beaucoup commencent à ressentir lorsqu’ils vont au Santiago Bernabéu. Ses anciens qui pouvaient siffler un Kylian Mbappé à cause d’un contrôle manqué ou d’une occasion franche manquée ne sont plus.

Car oui, dans le Santiago Bernabéu des années 90, 2000 ou 2010, l’attaquant français aurait été sifflé depuis bien longtemps, en ne jugeant que ses performances. C’est factuel et ce serait ne pas connaître ce public, qui était bien plus exigeant à l’époque, si vous dites l’inverse. Mbappé bien heureux sur ce coup, tout comme Carlo Ancelotti, qui aurait pu susciter l’exaspération de certains des Socios. Pourquoi ? À cause de ses changements – ou non comme Endrick -, ou encore ses choix de titulariser contre Getafe Mbappé, Bellingham, Brahim et Rodrygo, alors qu’ils sont soit touchés physiquement, soit en retour de blessure.

Si le neuf suscite la colère de ses habitudes, les travaux du stade ont visiblement changé la mentalité des Socios. Bonne chose ou non, ce n’est pas à nous de juger. Par contre, il est clair que cela va dans le sens de l’état d’esprit des dirigeants, toujours aussi patients. À une époque, Carlo Ancelotti aurait pu être viré après le 0-4 face au Barça.

Pablo Gallego.