Le Journal du Real
·25 de dezembro de 2024
Le Journal du Real
·25 de dezembro de 2024
Imaginez-vous au cœur d’un antre embrumé d’un brouillard de fumée, au sein de laquelle cinq mille aficionados, venant d’Espagne et de Navarre, entonnent à tue-tête les « Feliz Navidad » mélangés au « Noche de Paz ».
Imaginez-vous suivre avec exaltation votre équipe favorite, ou bien le Real Madrid, vêtu de sa tenue blanche des grands rendez-vous, affrontant en ce soir de Réveillon la puissante URSS sur le parquet madrilène. Mais pourquoi imaginer alors que cela a vraiment existé ? Retournant ensemble dans le passé afin de découvrir ce mythique « Tournoi de Noël » organisé pendant de nombreuses années par le Real Madrid.
Un sport en perte de vitesse sur le sol ibérique mis en lumière lors des fêtes de Noël, où même les plus férus supporters du Real Madrid préfèrent s’éloigner des stades le temps d’un instant. Si cette pratique exalte les foules outre-Atlantique, le Vieux Continent reste quant à lui sceptique.
Vous l’aurez compris, organisé un tournoi de basket-ball en Espagne durant cette période, apparait sur le papier comme une hérésie. Pourtant, l’homme aux multiples casquettes Raimundo Saporta ne laisse le choix à ces différents collègues : janvier 1966 marquera le début d’un tournoi de basket-ball amical au Real Madrid Ciudad Deportiva.
Une prise de risque, soutenue tout de même par la Fédération Internationale de Basket-Ball (FIBA), qui se révèle plus que payante. Eh oui, les Espagnoles, que dis-je, la terre orange du basket-ball s’avère conquise par ce concept si atypique. On parle ici d’un événement sportif en plein Noël, réunissant les clubs ainsi que les nations des quatre coins de la planète. « Un mythe, une fête », comme le résume à merveille Vicente Paniagua (joueur du Real Madrid de 1966 à 1977).
Au fil des années, malgré un statut de simple « Tournoi Amicale », ce critérium ne cesse de gagner tant en importance qu’en prestige. Un événement fascinant, auquel participent des universités comme la Caroline du Nord, des équipes à l’instar de la Yougoslavie, de l’OGC Nice et d’autres plus exotiques tels Porto Rico.
« Coupe Intercontinentale », « Copa Latina », « Tournoi de Noël », « Trophée Raimundo Saporta »… Une compétition aux multiples noms qui disparaît finalement en 2006, après quarante-et-une éditions dont vingt-six remportées par les Merengues. « Les matchs étaient télévisés en direct, il n’y avait rien d’autre et tout le monde les regardait », une phrase de Vicente Paniagua en guise d’illustration du succès de cet événement.
Avoir de bonnes idées, c’est bien, mais les matérialiser, c’est encore mieux ! Si initialement ce tournoi avait pour ambition de détenir une envergure internationale, la réalité rattrape rapidement les appétences madrilènes. Au départ très européocentré malgré eux, l’année 1971 marque un tournant dans l’histoire de cette compétition avec l’arrivée de la première université nord-américaine.
Une nouvelle édition se caractérisant par la présence remarquée de l’équipe Caroline du Nord dans l’ancien pavillon de la Ciudad Deportiva du Real Madrid. Alors que les locaux s’apprêtaient à soulever pour une cinquième fois consécutive ce trophée, ces derniers se font surprendre par cette jeune équipe états-unienne en finale. Mené entre autres par le futur numéro deux de la draft 1972 Bob McAdoo, ces futurs prospects deviennent la première troupe non européenne à remporter ce tournoi.
Un moment marquant, ayant permis à cet événement de rentrer dans une autre dimension. Désormais, nombreuses se manifestent les équipes ou encore les nations souhaitant participer à cette fête.
Et enfin, comment ne pas évoquer cette finale du Tournoi de Noël 1984, qui s’identifie comme le seul match de l’histoire de cet événement n’ayant pu arriver à son terme. La raison ? Alors que le madrilène Alfonso del Corral s’apprête à contrer Arvydas Sabonis, le géant soviétique ne l’entend de cette oreille. Désormais, je laisse la parole à Alfonso pour la fin de l’anecdote.
« Il a mis toutes ses forces, a écrasé et cassé le plateau. Le verre est tombé sur moi. Il s’est brisé en mille morceaux, mais il ne m’a rien fait. À deux minutes de la fin et avec la victoire claire des Soviétiques, il a été décidé de mettre fin à la rencontre. » Une action comme symbole du folklore de ce tournoi si atypique, tué par un calendrier toujours plus rempli.
Une formidable vitrine pour le basket-ball, de la nostalgie pour certains, Disneyland pour d’autres et « le meilleur tournoi amical international de l’histoire » pour la plupart.