Le Journal du Real
·5 March 2025
Radiographie d’un Real Madrid opportuniste face aux erreurs tactiques de la défense de l’Atlético

Le Journal du Real
·5 March 2025
Finalement, il aura fallu un huitième de finale aller de Ligue des champions pour enfin voir le Real Madrid vaincre son voisin de la capitale après plus deux ans et demi sans succès. Car, si hier soir, à l’issue de la première mi-temps, les deux équipes semblaient se tourner vers un quatrième 1-1 d’affilée toutes compétitions confondues, les coéquipiers de Brahim en ont décidé autrement.
Une victoire, un triomphe important, saupoudré d’une pincée de frustration. Les Merengues détenaient ici l’occasion d’accroître leur avance avant le retour au Métropolitano. Impactant au début de la rencontre, puis dominé par l’Atlético, avant de renverser la tendance au retour des vestiaires. En résumé, ce match s’est métamorphosé en concerto aux multiples changements de rythmes, fruit de choix tactiques, étant venus plus ou moins accélérer les ardeurs offensives des Blancos.
Comme évoqué au cours de la prévia tactique de cette rencontre, l’une, si ce n’est la principale force de cet Atlético résidait dans leur système défensif. Depuis l’ouverture de cette saison, à de nombreuses occasions, les attaquants du Real Madrid se sont véritablement cassés les dents contre ce mur rouge et blanc. Une organisation tout droit venue de l’esprit du Cholo que l’on comptait logiquement apercevoir de nouveau mardi soir.
Mais c’est bien un système en 4-4-2 qui a été appliqué par les Colchoneros afin de contrer les offensives blanches. Plus précisément, un bloc médian dense, couplé à un marquage en zone. L’objectif s’est alors révélé clair : empêcher le Real de s’implanter dans le cœur du jeu en les poussant à réaliser des transmissions complexes.
Toutefois, une telle organisation induit un aspect primordial, à savoir l’anticipation, que maîtrisent habituellement à merveille les visiteurs. Pouvoir monter sur le porteur de balle, voire tenter des interceptions sans pour autant déséquilibrer une équipe, nécessite une intention portée autour de la lecture de jeu afin de réaliser le bon déplacement au bon moment, de façon collégiale. Mais à la surprise générale, de synergie collective, les Colchoneros en ont été dépourvus. Constamment en retard au marquage, en contradiction avec le tempo du match… Leur défense était continuellement dans la réaction.
Résultats : des rampes de lancement dépourvues de quelconques pressions, accompagnées d’attaquants délestés de tout marquage agressif. Cela donnait une Casa Blanca dans un fauteuil, exploitant ces multiples brèches qui leur tendaient au nez. Et au-delà de la succession de diagonales en profondeur afin d’appuyer sur la difficulté de leurs adversaires à coulisser, les Madrilènes ont usé de leur principale force offensive : l’utilisation accrue des ailes. Dribbler, déborder, dédoubler… Libres comme le vent, les ailiers merengues en ont fait voir de toutes les couleurs aux défenseurs rojiblancos. Javi Galan peut d’ailleurs en témoigner dès la 3e minute. Alors libre de tout marquage, Federico Valverde a pu lancer en profondeur Rodrygo dont la vitesse, ainsi que le talent, ont parlé pour lui.
Promptement malmené dans ce huitième de finale, Diego Simeone n’est, bien évidemment, pas resté passif face à cette situation plus que critique. Après le premier quart d’heure de jeu, l’adversaire du Real Madrid est repassé à cinq derrière, voire ponctuellement à six.
Une adaptation tactique visant à se calquer de fait sur le dispositif du Real dans cette configuration. Un véritable travail d’orfèvre attribué au duo Lino-Simeone, leur rôle étant de perpétuellement s’adapter aux initiatives adverses en communiquant avec leur arrière-garde. Et à chaque tentative de renversement merengue, il s’agissait désormais d’impliquer toute une équipe qui s’organisait en conséquence afin de cueillir Rodrygo ou encore Vinicius à la réception du ballon, tout en maintenant une présence importante dans le demi-espace. Impossible désormais pour les locaux de se faufiler au sein de cette défense, d’autant qu’un cruel manque de créativité commençait à se faire véritablement ressentir.
Toutefois, comme démontré sur le premier but, la Maison Blanche reste avant tout une équipe qui cherche les intervalles, la verticalité coûte que coûte. La principale force de ce concerto offensif réside dans l’exécution de multiples prises de profondeur au milieu du demi-espace suite à un décrochage de la part des offensifs.
Et en réplique à cela, les hommes du Cholo ont mis au goût du jour une défense axiale particulièrement dense, saupoudrée cette fois-ci d’une agressivité importante sur le porteur de balle. Ajoutez à cela l’idée de toujours chercher à anticiper « la passe » qui créerait le décalage en la bloquant, et les Merengues ne sont plus parvenus à dénicher l’intervalle tant escompté. Du moins en première période. On parle ici d’un bloc ultra coordonné dont le moindre geste défensif d’un joueur se voyait presque immédiatement compensé par le déplacement d’un coéquipier. Des choix ayant éteint les ardeurs offensives du Real Madrid jusqu’au retour des vestiaires.
Le match était complètement relancé, et le Real Madrid semblait perdre ses moyens. L’Atlético, de son côté, est parvenu à se reprendre en main… Avant de se saborder à nouveau, la faute à un énième mouvement défensif mal senti. Dites au revoir à ce 5-3-2 que les locaux ne parvenaient pas à franchir, et bonjour au 5-4-1 au sein duquel les deux lignes de derrière ne faisaient plus qu’un. Un détail qui n’en est pas un, en réalité.
Comme expliqué un peu plus haut, la réussite de ce schéma des Colchoneros résidait en partie dans sa défense axiale. Autrement dit, les milieux, tels Barrios ou De Paul, avaient pour mission de constamment chasser leurs homologues vêtus de blanc, afin qu’ils ne puissent pas réellement s’installer, en prenant ainsi de mauvaises initiatives balle au pied. Et cela fonctionnait !
Néanmoins, au fil des minutes, ce bloc ne cessait de reculer encore et encore, laissant petit à petit le champ libre aux Merengues devant la surface. Une opportunité pour exploiter leur qualité de frappe, incarnée par des joueurs comme Valverde ou Tchouaméni. Et même si la multiplication des occasions lointaines n’était pas véritablement dangereuse, les coéquipiers de Gimenez ne pouvaient rester passifs, en sortant davantage promptement sur le porteur de balle, quitte à se jeter. Les Rojiblancos devaient stopper cette vague de tirs au détriment de leur stabilité.
De fait, en plus de ne plus se voir gênés à la construction, les Merengues ont su pleinement exploiter les décalages créés. Combinaisons, passes dans l’intervalle au cœur du demi-espace… Bref, un Atlético débordé, désorganisé de fond en comble, qui n’est plus parvenu à refroidir le feu blanc. Les doubles triangles appui-intérieur ayant mené au golazo de Brahim Diaz, le symbole d’un Real Madrid opportuniste face aux errances tactico-techniques de leurs voisins de la capitale.