Furia Liga
·5 mars 2020
Furia Liga
·5 mars 2020
Né à Bilbao de parents ghanéens, Iñaki Williams a grandi à Pampelune avant de rejoindre l’Athletic, plus grand club de l’Euskal Herria. Symbole d’une formation en phase avec son passé et son héritage. L’ailier de formation est un joueur fier, qui assume son statut et souhaite faire grandir son club. Portrait de la Pantera qui a préféré être une tête de poulet plutôt qu’une queue de taureau.
Iñaki Williams. Répétez lentement. Iñaki Williams. Rarement un blase ne pouvait aussi bien souligner les contours d’une personnalité. Les parents de « Pañaki » se sont rencontrés dans un camp de réfugiés avant de franchir la frontière espagnole à Melilla. Lui est à Bilbao et a grandi à Pampelune, dans la Navarre voisine. Ghanéen par sa famille, Espagnol par sa naissance et résolument Basque. Second joueur noir à porter le maillot des Leones après Jonas Ramalho, premier à avoir ses deux parents africains, l’ailier a gravi tous les échelons de la formation à Lezama en suivant le triptyque classique : Baskonia, Bilbao Athletic, Athletic Club. De flèche enflammant les côtés capable de se muer en buteur, Williams a étoffé sa palette en devenant un joueur de devoir qui sait se sacrifier quand son équipe en a besoin. Symbole d’un club qui doit lutter pour se maintenir au plus haut niveau, il est fier de faire partie d’une formation qui n’est jamais descendue en Segunda malgré une ligne conductrice très stricte, même si elle s’est assouplie par nécessité. Par son rôle sur le terrain mais aussi par sa couleur de peau, Iñaki Williams porte sur ses épaules les rêves des Zuri-Gorriak et les revendications de sa génération.
Longtemps annoncé en Premier League, notamment de Manchester United, Iñaki Williams a préféré, en août 2019, prolonger son bail avec les Leones pour… 9 ans ! L’équivalent d’un CDI pour un footballeur. La signature de ce contrat est l’un des plus longs signés en Espagne juste celui de 10 ans paraphé dans un tout autre contexte par Denilson au Betis. Pour El Pais, Williams a expliqué pourquoi il avait fait ce choix :« Se sentir aimé par votre peuple est essentiel. Vous pouvez partir, gagner des titres ou plus d’argent, mais cela ne vous donne pas le bonheur. Ce contrat me donne l’occasion de venir à Lezama, de voir mes amis, de dîner avec eux. Quand je marche dans la rue, les gens m’arrêtent, me voient comme une référence et sont fiers que je porte le maillot de l’Athletic ». Il ajoute : « Dans ma tête, il n’y avait pas d’autre plan que d’être avec l’Athletic. Je suis arrivé ici quand j’étais enfant et je veux être une légende pour ce club ». Le sentiment d’appartenance dans ce qu’il a de plus noble. Iñaki Williams a compris qu’il valait mieux être roi chez lui que prince dans un effectif pléthorique. Et pour être digne du trône, il doit porter un secteur offensif qui doit apprendre à vivre sans Aritz Aduriz qui vit une dernière saison professionnelle discrète depuis sa chilena à San Mamés contre le Barça en août dernier.
Former des attaquants de haut niveau est certainement ce qui se fait de plus difficile, à Lezama comme ailleurs. Si les autres postes sont bien fournis, ce qui garantit à l’Athletic de disposer d’un effectif fiable et cohérent, la sauce pil pil n’est pas aussi relevée niveau attaquants de pointe. Raúl García a beau être un excellent joueur de tête et un élément clef du XI de Gaizka Garitano, il n’est pas un buteur accompli. Prometteur, Asier Villalibre tarde à confirmer. Williams apparaît donc comme le seul à pouvoir occuper sur la durée ce rôle de 9, d’autant que le retour de Fernando Llorente ne paraît plus d’actualité.
Sans rechigner ni se plaindre, « Pañaki » a assumé la charge, même si ce n’est le poste où il est le meilleur. Bien sûr, les scénarios des matches et certains choix tactiques le font retrouver sur un côté mais jamais il ne revendique quoi que ce soit et préfère profiter de la chance de jouer de manière régulière dans « son » club. A son arrivée chez les pros, Williams était moqué pour sa maladresse malgré d’excellentes statistiques en jeunes. Pour s’améliorer, il a collé aux basques (forcément !) d’Aduriz, le buteur qui vécu une deuxième jeunesse après ses 30 ans. Sans être devenu un killer, il est parvenu par séquence à faire s’imbriquer sa rapidité et son excellente conduite de balle à une bonne finition. Son but face à Séville en est le parfait exemple. Inaki Williams sait que pour le bien de son équipe, il doit se faire violence et fait tout pour devenir ce référent en pointe.