Evect
·24 marzo 2025
Les Green Angels prennent la parole sur le processus de dissolution

Evect
·24 marzo 2025
Ce lundi dans 100% Sainté l'émission de notre partenaire Ici Saint-Étienne Loire, Tom et Thomas, les porte-paroles des Green Angels 1992 se sont longuement exprimés pour revenir sur le processus de dissolution des groupes ultras de l'AS Saint-Étienne engagé par le Ministère de l'Intérieur.
Les deux représentants du groupe ont dans un premier temps expliqué la procédure en cours, ainsi que le contenu de la notification reçue :
"Le sujet est complexe il ne peut pas se résumer en quelques minutes. Nous ne sommes pas habitués à prendre la parole dans les médias mais on pense que la population stéphanoise doit comprendre les enjeux derrière cette dissolution. Il y a deux périodes dans cette annonce, une première d’incompréhension quand on l’a apprise dans la presse, on a considéré que c’était une attaque gratuite qui ne faisait pas suite à une problématique. Puis une seconde phase plus combative car aujourd’hui on va se défendre et on va essayer de sauver nos 33 ans d’histoire. Ça a été des moments difficiles, il a fallu faire de la pédagogie pour expliquer la procédure au sein du groupe. On a tout de suite pris au sérieux la préparation de ce combat pour défendre notre groupe, ce n’est pas un combat contre le Ministère de l’Intérieur. Il a fallu expliquer que cette dissolution était politique et qu’on allait lutter contre plus fort que nous et que potentiellement notre groupe pouvait disparaitre dans un premier temps. Est-ce qu’on comprend ? Non. On ne veut pas rentrer dans le jeu du pourquoi nous, pourquoi pas les autres, il y a pire ailleurs. On ne veut pas tomber là dedans. Il y a une incompréhension sur le timing des décisions. Nous voulons monter au créneau, pour ne pas être réduits à la manière dont nous sommes décrits par le ministère de l’intérieur.
Ce dossier de dissolution rédigé par la direction juridique du Ministère de l'Intérieur est exclusivement à charge. Il y a des faits de violence qui nous sont imputables ou non. Ce qui nous heurte le plus, c'est surtout la phrase qui est martelée. La définition de notre groupe pour le Ministère de l'intérieur, c'est que nous utilisons l'objet social de supporter l'ASSE uniquement comme prétexte pour se livrer a une confrontation physique avec nos homologues d'autres tribunes et avec des membres qui ont un profil agressif.
Cette phrase nous a relativement surpris et montre une méconnaissance de notre groupe tout en démontrant que ce dossier est uniquement à charge. On est sur une définition qui se rapproche du hooliganisme et nous on n'est absolument pas dans cette mentalité-là. Pour bien expliquer la différence, le hooligan va utiliser le foot comme prétexte pour chercher une confrontation constante, soit contre les forces de l'ordre, soit contre des homologues adverses. L'ultra est lui dans une logique de supporter son club au quotidien, du lundi au dimanche, cela passe par la création de tifo, par les déplacements, le rôle social au sein de la ville. Ce sont deux notions très distinctes. On l'admet, on l'a toujours assumé, il nous arrive de déraper ou que certains de nos membres dérapent mais ce sont dans des contextes particuliers. Nous avons fait des milliers de matchs pour l'ASSE, le ratio est tout de même clair, net et précis entre les incidents et les matchs qui se déroulent bien. Les quelques fois où il y a eu des incidents, nos membres sont passés devant la justice et ont assumé leurs actes. Tout comme nous aussi, nous avons des procédures internes pour sanctionner nos membres. Le dossier se concentre exclusivement sur les incidents qui nous sont reprochés. Là où il occulte totalement le nombre d'incidents évités grâce aux responsables du groupe et à notre organisation. C'est là où l'argument du prétexte de se livrer à des confrontations violentes, on ne le comprend pas du tout. C'est un des principaux affront qu'on nous fait. Supporter l'ASSE, c'est notre raison d'exister, notre raison de vivre, c'est l'essence même de la création de nos groupes et de son quotidien.
Il y a neuf faits de violence, ou dégradation qui sont étalés et notés sur une période de trois ans. Parmi ces faits-là, il y a un tiers qui sont des faits fallacieux, pas véridiques, avec des personnes nommément inscrites que nous ne connaissons pas. Le deuxième tiers, ce sont des faits pour lesquels la justice pénale n'a pas poursuivi les personnes. Il n'y avait pas d'éléments matériels permettant de caractériser une infraction et de poursuivre les personnes en justice.Le dernier tiers, sont des faits où nos membres ont été condamnés. Ils sont passés devant un tribunal judiciaire selon le principe du contradictoire et de la défense. Ils ont été condamnés pour ces faits-là. C'est ce dernier tiers qui fait double peine, puisque les personnes ont déjà été condamnées mais nous on vient nous chercher sur ce terrain-là pour nous dissoudre collectivement. Il faut bien distinguer la justice pénale et la justice administrative. Ici, on est sur un pouvoir relativement discrétionnaire du Ministre de l'intérieur. Il a le pouvoir d'appuyer sur le bouton bien que les personnes inscrites dans ce dossier de dissolution aient d'ores et déjà été condamnées devant la justice pénale.L’article du code du sport qui prévoit les suspensions et les dissolutions de groupes explique qu'il faut établir dans cette procédure des faits de violences. L’utilisation de fumigènes n’est pas un sujet, il n’entre pas en compte dans ce dossier, il n’y a aucun fait d’utilisations de fumigènes qui nous sont reprochés quant à la potentielle dissolution. La majeure partie du dossier concerne des faits de violence et le match d’Auxerre qui s’est déroulé il y a deux ans et demi, pourquoi maintenant alors que les gens ont déjà été jugés individuellement ?Le calendrier ? Nous avons jusqu’au 31 mars pour produire nos observations écrites, on travaille avec notre avocat sur ces sujets. Nous sommes convoqués le premier avril, place Beauvau face à une commission qui sera en charge d’émettre un avis favorable ou non sur une dissolution. On va utiliser tous les moyens à notre disposition pour nous défendre. La commission n’a aucun pouvoir décisionnaire, elle est consultative, si Monsieur Retailleau veut signer le décret malgré un avis défavorable à une dissolution, il est apte à le faire. Cela pourrait intervenir très rapidement, soit dès le 2 avril ou bien le 9 avril. Il y aura l'ASSE à cette commission, différents services de police et nous qui seront entendus le 1er avril. Le texte du code du sport prévoit que le club concerné par une procédure de dissolution doit être entendu. Ils ont reçu la même notification que nous et ont le même temps pour produire leurs observations écrites et je l'espère défendre une position objective sur les conséquences importantes qu'une dissolution aurait sur le club, comme l'a exprimé Ivan Gazidis dans son communiqué."
Quelles seraient les conséquences d'une dissolution des groupes ? C'est la question à laquelle les représentants des Green Angels ont cherché à répondre par la suite : "On a un rôle de canalisateur et de régulateur de ce qui se déroule dans nos tribunes. À l'heure actuelle, on gère 8 000 personnes en Kop Sud avec des personnes qui sont identifiées, reconnues, et capables de faire cesser des agissements si toutefois des personnes débordent. On ne parle d'ailleurs pas nécessairement de débordements, ces personnes-là interviennent aussi s'il y a un malaise pour faire descendre la personne et laisser intervenir les secours, en cas de départ d'incendie etc. C'est la même logique en déplacement. On est canalisateur et organisé. On était trois bus pour aller au Havre. Si demain on est dissous, ce sera 50 voitures puisque que comme Gil Averous l'a dit (Ndlr : ancien ministre des sports) cela ne nous empêchera pas d'aller au stade. Et ce sera de fait plus volatile et beaucoup moins contrôlable pour les autorités. C'est important de dire qu'avant d'être des ultras, et supporters de football nous sommes des citoyens investis dans notre cité. Beaucoup de Stéphanois nous connaissent par les actions sociales et caritatives. Évidemment cela va impacter nos partenaires comme les Brigades de solidarité, certaines écoles dans lesquelles nous allons faire des ateliers de confection de tifo à des jeunes. Tout ce soutien-là va s'arrêter qu'il soit moral, matériel ou financier."
Depuis le début de la procédure, les groupes échangent régulièrement avec le club sur la situation. L'AS Saint-Étienne va d'ailleurs se rendre à cette commission pour apporter ces observations : "Depuis l'ouverture de la procédure, mais d'une manière générale, on a des discours transparents avec le club, les plus honnêtes possibles, en respectant les positions de chacun. Les échanges avec le club ont commencé dès décembre à l'annonce du sujet qu'on a pris très vite au sérieux. On a discuté avec eux pour une explication du contexte politique, du non sens de la dissolution et de l'impact que cela aurait sur le club qui sera la première victime collatérale. Il y a deux principaux aspects sur l'après, bien-sûr tout ce qui concerne les tifos s'arrêteront du jour au lendemain, on sait que le Chaudron est reconnu principalement pour ses animations. Et le côté organisationnel pour les matchs à domicile, à l'extérieur, avec notre SLO, notre directeur de sécurité avec qui on échange de manière quasi quotidienne. Les échanges sont constructifs, on a pu souligner la communication de notre président Ivan Gazidis. On peut dire qu'ils seront présents à nos côtés lors de la manifestation de ce samedi."
Dernier point évoqué, la manifestation de samedi avant le match face au Paris Saint-Germain. Une manifestation qui doit rassembler très largement au-delà des simples amoureux des Verts : "Le rendez-vous est donné à 12h00 place Jean-Jaurès avec une conférence de presse puis un départ à pied jusqu'au stade. La volonté de cette manifestation est de montrer que ça concerne l'ensemble des amoureux des Verts. Que ce n'est pas seulement les personnes actives dans les deux groupes. On est une ville de 200 000 habitants. On a 20 000 personnes à peu près dans nos tribunes respectives. Tout le monde connaît quelqu'un qui est membre actif d'un groupe ou qui fréquente les tribunes. C'est avant tout ce message qu'on a voulu faire passer."